Ottawa (Ontario) – La semaine dernière, Mark Carney a déclaré devant une salle remplie de jeunes de la prochaine génération que « votre avenir ne sera pas le même que mon passé », qui « était une période d’optimisme, d’espoir et de promesses ». Il a déclaré sans détour que son budget exigerait des « sacrifices » de la part des jeunes Canadiens.
Après 10 ans, cette génération a assez sacrifié.
Accès à la propriété
Les jeunes Canadiens sont la première génération à ne pas pouvoir accéder à la propriété. 88 % des locataires estiment que l’accès à la propriété est hors de portée. La moitié des milléniaux et les deux tiers de la génération Z ont envisagé de reporter leur projet de fonder une famille parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter une maison convenable.
En effet, les prix des logements ont augmenté 32 % plus rapidement que les revenus au Canada depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux, faisant du Canada le marché immobilier le moins abordable du G7. L’accession à la propriété coûte désormais 53,6 % du revenu médian des ménages, 89,2 % à Vancouver et 66,4 % à Toronto. L’agence immobilière de Mark Carney affirme que les Canadiens ne devraient pas dépenser plus de 32 %.
Dans nos plus grandes villes, le prix moyen d’une maison est désormais 13,5 fois supérieur au revenu médian à Vancouver et 10,4 fois supérieur à Toronto. Dans ces deux villes, il faut désormais un revenu minimum de 232 700 dollars à Vancouver et de 198 030 dollars à Toronto pour acheter une maison moyenne.
Au moment même où les jeunes voyaient s’éloigner la possibilité d’accéder à la propriété, le marché s’est effondré. Les ventes de logements neufs dans nos grandes villes – principal indicateur de la construction immobilière – ont chuté de plus de moitié au cours des trois premiers trimestres de 2025 par rapport à 2024, et ont baissé de 74 % par rapport à la moyenne sur dix ans.
C’est la nouvelle crise du logement : les acheteurs n’ont toujours pas les moyens d’acheter, tandis que les constructeurs n’ont pas les moyens de construire. Comme les constructeurs immobiliers n’ont pas les moyens de construire de nouvelles maisons, les travailleurs sont licenciés. L’Association canadienne des constructeurs d’habitations rapporte que 41 % des constructeurs interrogés licencient des travailleurs, tandis qu’en Ontario, ce chiffre atteint 64 %.
Emploi
Les constructeurs ne sont pas les seuls à perdre leur emploi. Les jeunes sont confrontés à une crise du chômage, avec plus de 460 000 jeunes Canadiens (âgés de 15 à 24 ans) sans emploi. Le taux de chômage des jeunes a connu une hausse pour atteindre 14,7 % en septembre 2025, contre 13,7 % en mars, soit le taux le plus élevé depuis septembre 2010 (hors pandémie).
Un rapport de Desjardins a confirmé ce que les Canadiens savent depuis longtemps : la hausse massive du nombre de résidents non permanents, comprenant les travailleurs étrangers temporaires, par les libéraux a créé un « déluge de travailleurs disponibles » qui « a largement dépassé la demande, poussant ainsi à la hausse le taux de chômage chez les jeunes ».
Pire encore, le taux d’emploi des jeunes est tombé à 53,6 % en juillet 2025, son niveau le plus bas depuis novembre 1998 (hors années de pandémie). Il a légèrement augmenté pour atteindre 53,8 % en septembre, car non seulement les jeunes ne sont pas embauchés, mais ils renoncent à chercher un emploi.
Et cela après avoir cherché pendant le pire été pour les emplois étudiants depuis la Grande Récession (hors pandémie). De mai à août 2025, le taux de chômage des étudiants retournant aux études a atteint en moyenne 17,9 %, son plus haut niveau depuis 2009. Ces emplois permettaient auparavant aux jeunes de payer leurs frais de scolarité, leurs épiceries et leur loyer lorsqu’ils reprenaient leurs études.
Coût de la vie
À mesure que l’épargne des jeunes s’épuise, leurs dépenses augmentent. Les prix des produits alimentaires ont connu une hausse de 4 % en septembre par rapport à l’année précédente, soit le double de l’objectif de la Banque du Canada. Le prix du bœuf frais et congelé a augmenté de 14 % par rapport à l’année précédente, tandis que celui de la viande en général a augmenté de 6,6 %.
Alors que les Canadiens ont dû payer plus cher leurs épiceries, les loyers ont également augmenté de 4,8 % dans tout le Canada par rapport à l’année précédente. 49 % des 18-24 ans consacrent désormais plus de la moitié de leurs revenus au loyer, alors qu’ils ont les budgets les plus modestes. Seuls 22 % des locataires consacrent 30 % ou moins de leurs revenus au loyer.
La pression exercée par les prix à l’épicerie et le coût du logement a poussé un nombre record de personnes à se tourner vers les banques alimentaires. Banques alimentaires Canada rapporte que 2 165 766 millions de visites ont été enregistrées en mars, un record dans l’histoire du Canada. Près de 712 000 de ces visites ont été effectuées par des enfants, qui représentent désormais un tiers des clients des banques alimentaires.
Même ceux qui ont un emploi à temps plein font la file. Près d’un visiteur sur cinq a un emploi, mais n’a toujours pas les moyens de se nourrir. Le rapport conclut que « l’emploi n’est plus un facteur de protection fiable contre la pauvreté » et que le Canada est en train de devenir « un pays où la faim est normalisée ».
Un utilisateur de banque alimentaire a déclaré que « la dépendance aux banques alimentaires n’est plus une solution à court terme ou qui sert à gérer une crise – elle est devenue une nécessité permanente pour survivre ». Ils ne sont pas les seuls : près de 60 % des Canadiens âgés de 18 à 44 ans s’inquiètent de leur capacité à faire face au coût du logement.
Les jeunes ne devraient pas avoir à vivre ainsi, mais les Canadiens peuvent changer cela. Les conservateurs vont transformer les souffrances de la dernière décennie en espoir pour l’avenir.