OTTAWA (Ottawa) — À la suite des révélations fracassantes de Global News, les conservateurs exigeront à nouveau que la cheffe de cabinet de Justin Trudeau, Katie Telford, comparaisse devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre (PROC) au sujet de l’ingérence électorale du Parti communiste chinois.

Dans la soirée du vendredi 24 février 2023, Global News a diffusé la plus grave des allégations concernant le député libéral Han Dong, l’ingérence électorale du Parti communiste chinois, et ce que les principaux assistants de Justin Trudeau auraient su en septembre 2019 :

Transcription de Global News : 

… des sources affirment que Han Dong a reçu l’aide du consulat chinois à Toronto pour devenir le candidat libéral de 2019 dans la circonscription de [Don Valley-Nord].

Grâce à une combinaison de documents du SCRS et de sources de renseignements, Global News a appris que le consulat aurait envoyé deux bus remplis de personnes âgées sino-canadiennes à la réunion de nomination libérale de Don Valley-Nord, et que ces personnes âgées savaient pour qui voter parce que le nom de Dong était écrit sur leur bras.

Des sources indiquent également que le SCRS soupçonne que des étudiants étrangers chinois, munis de fausses adresses, ont été amenés en bus et « se sont vus dire par la RPC de soutenir le candidat de leur choix s’ils voulaient conserver leur visa d’étudiant ».

… Dong a remporté l’investiture, mais il avait encore besoin de l’approbation de Justin Trudeau pour porter la bannière libérale dans cette circonscription de la banlieue de Toronto, qui compte une importante diaspora de Canadiens d’origine chinoise.

Un haut responsable du renseignement a déclaré à Global News que le SCRS avait fait part de ses inquiétudes au sujet de Dong à la fin du mois de septembre 2019, lors d’une séance d’information classifiée avec des cadres supérieurs du Parti libéral qui détiennent des autorisations de sécurité. Lors de cette réunion, le SCRS les a exhortés à annuler la nomination de Dong. Malgré les avertissements présumés à son personnel, Trudeau a approuvé la candidature de Dong.

Source : Global National, 24 février 2023

« Chaque allégation dans cette histoire d’ingérence électorale du Parti communiste chinois est plus choquante que la précédente, » a déclaré le député conservateur Michael Cooper. « La première réaction de Justin Trudeau aux rapports du Globe & Mail a été d’attaquer les dénonciateurs. Il a ensuite déclaré que le fait de poser des questions sur l’ingérence dans les élections constituait en soi une atteinte à la démocratie et a bafoué les informations sur les allégations du SCRS en les qualifiant d’« inexactes ». Mais avec ces derniers rapports des médias, Justin Trudeau et son gouvernement ne peuvent plus fuir ou se cacher de ces allégations. Ils doivent dire la vérité. »

« Il serait plus qu’outrageant que le premier ministre de notre pays soit informé que l’un de ses candidats libéraux a été compromis par le Parti communiste chinois et qu’il refuse catégoriquement de faire ce qui s’impose. Il est crucial pour la confiance dans notre démocratie que nous sachions ce que Justin Trudeau et son gouvernement savaient – et quand. La principale collaboratrice du premier ministre, la cheffe de cabinet Katie Telford, doit se présenter devant le Comité pour nous dire ce qu’elle sait. »

Cette nouvelle demande des conservateurs fait suite aux efforts antérieurs de la coalition libéral-NPD pour bloquer le témoignage de Mme Telford. Le mardi 21 février 2023, les libéraux et leurs complices du NPD ont travaillé à l’unisson pour faire obstacle aux demandes des conservateurs qui souhaitaient que le principal conseiller de Justin Trudeau se présente devant le Comité pour témoigner sur la question de l’ingérence électorale du Parti communiste chinois.

La motion originale présentée par les conservateurs se lisait comme suit :  

Que, compte tenu des récents rapports du Globe and Mail rédigés par Steven Chase et Robert Fife qui ont mis en avant des révélations choquantes concernant la stratégie de Beijing pour s’ingérer et influencer les institutions démocratiques du Canada, le Comité :

a) prolongera son étude de l’ingérence électorale étrangère d’autant de réunions que nécessaire pour enquêter sur ces rapports et à cette fin, prévoira au moins une réunion le 23 février 2023 et au moins deux réunions au cours de la semaine du 27 février 2023 ;

b) inviter de hauts fonctionnaires du Service canadien du renseignement de sécurité, du Centre de la sécurité des télécommunications, de la Gendarmerie royale du Canada, d’Élections Canada (y compris le commissaire aux élections fédérales), du Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections, du Groupe du protocole public en cas d’incident électoral majeur et du Bureau du Conseil privé à témoigner sur ces rapports ;

c) inviter Katie Telford, cheffe de cabinet du premier ministre ;

d) inviter l’honorable Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, à revenir témoigner sur ces rapports ;

e) inviter l’honorable Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique ;

f) inviter l’honorable Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales, de l’Infrastructure et des Collectivités, à revenir témoigner sur ces rapports ;

g) inviter Jody Thomas, conseillère en matière de sécurité nationale et de renseignement auprès du premier ministre ;

h) inviter l’honorable Marc Garneau, ancien ministre des Affaires étrangères ;

i) inviter l’honorable Bill Blair, ancien ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile ;

j) inviter Vincent Rigby, ancien conseiller en matière de sécurité nationale et de renseignement auprès du premier ministre ;

k) inviter David Morrison, ancien conseiller en politique étrangère et de défense auprès du premier ministre ;

l) entendre chacun des témoins susmentionnés en public ; et

m) ordonner la production de tous les mémorandums, notes d’information, courriels, comptes rendus de conversations et tout autre document pertinent, y compris les ébauches, qui sont en la possession de tout ministère ou organisme gouvernemental, y compris le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections, le Groupe du protocole public en cas d’incident électoral majeur, tout cabinet de ministre et le cabinet du premier ministre, contenant des informations concernant les efforts déployés par, ou au nom de, gouvernements étrangers ou autres acteurs étatiques étrangers pour s’ingérer dans les élections générales de 2019 et 2021, y compris les documents qui ont été cités dans les rapports du Globe and Mail, à condition que,

(i) ces documents soient déposés sans caviardage auprès du Bureau du légiste et conseiller parlementaire, dans les deux langues officielles et dans les trois semaines suivant l’adoption de la présente ordonnance

(ii) le Bureau du légiste et conseiller parlementaire avise rapidement le Comité s’il est convaincu que les documents ont été produits conformément à l’ordonnance et, dans la négative, le président est chargé de présenter immédiatement, au nom du Comité, un rapport à la Chambre décrivant les faits importants de la situation, et

(iii) le Bureau du légiste et conseiller parlementaire doit expurger le moins possible les documents afin de protéger l’identité des employés ou des sources des services de renseignements canadiens ou alliés et, dès que possible, remettre les documents expurgés au greffier du comité pour qu’il les distribue à tous les membres du Comité.

Le député libéral Greg Fergus a présenté un amendement supprimant la clause (c), et le député néo-démocrate Peter Julian s’est joint à cinq députés libéraux pour voter afin de bloquer la demande de témoignage de Mme Telford.

« Compte tenu des derniers rapports accablants des médias, il est maintenant plus clair que jamais pourquoi les libéraux et leurs alliés du NPD ont travaillé si fort pour bloquer le témoignage de la principale conseillère de Justin Trudeau », a déclaré Cooper. « La cheffe de cabinet de Justin Trudeau doit témoigner devant le Comité la semaine prochaine. Justin Trudeau et son gouvernement ne peuvent plus se cacher. Et peut-être le plus important, Mme Telford doit prêter serment que son témoignage devant le Comité est véridique. »

« Enfin, le NPD doit cesser d’aider et d’encourager cette obstruction des libéraux de Trudeau. Il est temps que le NPD se joigne aux efforts pour obliger le gouvernement de Justin Trudeau à faire preuve de transparence. »

Au Comité, les conservateurs renouvelleront également leur demande de production de tous les documents gouvernementaux relatifs à la question de l’ingérence électorale du Parti communiste chinois, la clause (m) ayant également été retirée de la motion finale adoptée le 21 février.

« Tous les Canadiens – peu importe leur origine ou celle de leurs ancêtres – devraient pouvoir exercer leurs droits démocratiques sans ingérence, influence ou pression étrangère. C’est exactement pourquoi il est si important que nous allions au fond des choses sur ce que Justin Trudeau et son gouvernement savaient. Non seulement pour que nous puissions demander des comptes aux responsables, mais aussi pour que nous puissions protéger notre démocratie à l’avenir. », a conclu Cooper.