Ottawa (Ontario) – Michael Barrett, Ministre du Cabinet fantôme conservateur responsable de l’Éthique et du Gouvernement responsable, a adressé la lettre suivante à Mark Carney :

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Monsieur le premier ministre,

Maintenant que vous avez prêté serment en tant que premier ministre du Canada, je vous écris à nouveau pour vous implorer de divulguer publiquement l’étendue de vos actifs financiers, y compris vos intérêts passés et présents dans Brookfield Asset Management et tout autre investissement dans le secteur privé qui pourrait présenter un conflit d’intérêts.

Les Canadiens méritent de savoir que leur premier ministre prend des décisions dans l’intérêt national et d’être assurés qu’ils sont à l’abri de toute influence indue des entreprises. Le 15 mars, le National Post a publié un article concernant vos liens financiers avec Brookfield Asset Management, où vous avez occupé auparavant un poste de direction. Les détails de ce rapport inquiètent de nombreux Canadiens.

Le 25 février, vous avez catégoriquement déclaré : « Je n’ai aucun lien avec Brookfield Asset Management ». Pourtant, dans un nouveau rapport du National Post, vous n’avez notamment pas nié que vous déteniez toujours des actifs de Brookfield : « Malgré des tentatives répétées, Brookfield Asset Management et l’équipe de transition de Carney ont refusé de préciser si le nouveau premier ministre possède toujours un intérêt financier dans Brookfield ». Les Canadiens se demandent si vous ne leur avez pas menti une fois de plus.

Selon le Post, vous avez toujours droit aux paiements d’intéressement différé des fonds d’investissement de Brookfield, qui pourraient s’élever à des dizaines de millions de dollars dans les années à venir. Comme vous le savez, l’intéressement différé n’est pas un investissement passif ; il représente un intérêt financier direct dans la performance des investissements que vous avez personnellement réalisés chez Brookfield. Si vous conservez ces actifs non divulgués, vous risquez de graves conflits d’intérêts dans des domaines politiques clés, notamment l’énergie, les infrastructures et la finance, des secteurs dans lesquels Brookfield a investi des milliards de dollars. Encore une fois, si vous ne détenez toujours aucun intérêt financier dans Brookfield, il serait très facile de le dire.

Bien que vous affirmiez que le placement de ces actifs dans une fiducie sans droit de regard est suffisant, l’intéressement différé ne peut pas vraiment être séparé de son propriétaire. Vous êtes toujours conscient de son existence, de sa valeur potentielle et des décisions politiques qui pourraient avoir un impact sur leur rentabilité. De plus, comme vous avez été très impliqué dans la création de ces fonds, vous savez pertinemment quels investissements ces fonds Brookfield détiennent. Et contrairement aux actions, votre participation présumée dans ces fonds Brookfield ne peut pas être librement négociée. Votre fiducie sans droit de regard conserverait ces actifs des fonds Brookfield inchangés. Pour cette raison, une fiducie sans droit de regard n’est pas une garantie éthique dans cette situation – la seule ligne de conduite responsable est la divulgation complète et le désinvestissement.

En tant que premier ministre du Canada, la crédibilité et l’intégrité de votre gouvernement dépendront de votre volonté de prouver au public que vous êtes attaché à la transparence, ce que vous n’avez pas fait jusqu’à présent. Les Canadiens méritent de savoir :

  1. L’étendue de vos intérêts financiers dans Brookfield Asset Management et d’autres investissements du secteur privé, y compris le Global Transition Fund (BGTF I), le deuxième Global Transition Fund (BGTF II) et le Catalytic Transition Fund (CTF), s’élevant à 27,4 milliards de dollars que vous avez personnellement levés et gérés pour Brookfield.
  2. La structure de tout intéressement différé, option d’achat d’actions ou rémunération différée que vous pourriez encore détenir.
  3. Le « plan complet et solide de gestion des conflits d’intérêts » que votre équipe juridique a présenté au commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, et si vous prévoyez de vous récuser des décisions politiques du gouvernement dans lesquelles vos fonds Brookfield ont des intérêts, y compris, mais sans s’y limiter, la politique énergétique, environnementale, industrielle et financière.

Les Canadiens ne devraient pas avoir à se demander si leur premier ministre est en conflit d’intérêts en raison d’intérêts financiers privés. Malheureusement, jusqu’à présent, vous avez constamment refusé d’être transparent, vous avez menti sur votre rôle dans le transfert du siège social de Brookfield du Canada aux États-Unis, et vos actions ont amené les Canadiens à se demander s’ils peuvent vous faire confiance sur un large éventail de questions. En prenant des mesures immédiates pour divulguer vos actifs, ou mieux encore, en vous en départissant entièrement, vous avez la possibilité de rétablir la confiance du public en vous en tant que premier ministre. Si vous n’avez rien à cacher, vous ne devriez avoir aucun problème à faire preuve de transparence et de disponibilité envers les Canadiens.

Le Cabinet du premier ministre exige une transparence, une intégrité et une indépendance absolues. Tout manquement à ces exigences risque de saper davantage la confiance que les Canadiens accordent à leur gouvernement.

J’attends votre réponse avec impatience et j’espère que vous prendrez rapidement des mesures pour répondre à ces préoccupations.